Bonjour!!!!
Aujourd'hui je vous écris enfin une deuxième partie, mais je ne pense pas la dernière, sur cette expatriation. Ils tardent à venir, mais comme je vous l'expliquais dans l'article précédent ce n'est pas évident pour moi de trouver les mots justes pour vous raconter ce que je vis depuis 15 mois au plus près de la façon dont je le ressens.
Aujourd'hui c'est un aspect moins drôle et plus personnel de cette nouvelle vie que je vais aborder avec vous: La solitude.
Partir à 10000 km vivre sous les tropiques, c'est découvrir des paysages absolument magnifiques, vivre des instants intenses avec la personne avec qui vous partageait cette aventure. Mais c'est aussi se retrouver seule très vite, souvent.
L'homme a commencé à travailler 15 jours après notre arrivée sur l'île. On avait ramené un voiture de métropole, mais Lui devant aller travailler il l'utilisait la journée. N'étant déjà pas à l'aise avec les systèmes de bus à Marseille, ici je me sentais encore moins. Je passais mes journées à bronzer dans le jardin des amis chez qui nous logions, attendant que Chéri rentre. J'allais faire quelques courses au supermarché à pied, rentrais, me mettais sur l'ordi, cherchais un emploi, et je me suis mise à écrire ce blog.
J'ai du faire le deuil de ce à quoi je m'attendais. Quelle idée avais-je eu de penser que j'aurais les gens sur skype ou au téléphone au moins une fois par semaine. Quelle idée avais-je eu de penser que les choses ne changeraient pas tant que ça, à 10000 km.Et quelle idée avais-je eu de penser que ce serait facile de se refaire des amis, d'avoir une vie sociale, de trouver un travail... Je déchantais. Les premiers mois ont été compliqués. En septembre nous avons déménagé. Nous sommes partis dans un coin très joli, mais où nous étions plus isolés encore. Jusqu'à fin octobre, moment où j'ai trouvé un travail, un CDD, remplacement d'un congés maternité, j'ai été complètement dépendante de mon homme. Financièrement. Affectivement, puisque nous connaissions peu de monde. Pour le moindre de mes déplacements... Moi qui travaille depuis l'âge de 18 ans et qui suis indépendante et autonome depuis. Ce fut des instants très difficiles. Des instants qui vous mettent face à vos limites, et qui mettent votre couple à rude épreuve.
Je suis quelqu'un qui peut être assez solitaire. j'ai besoin de mes moments d'isolement, où je fais "mon autiste" comme disait un copain à moi (même si je déteste cette exression je la site ici car beaucoup de personnes se figurent bien, et pourtant si mal, ce que ça renvoie). Mais là où la solitude désirée est ressourçante, la solitude imposée devient une réelle souffrance.
Et à qui parler de tout ça? Aux amis restés en métropole, qui peuvent parfois vous dire "tu as choisi de partir faut que tu assumes", évidemment sans méchanceté même si ça blesse. Non. On arrête de leur en parler. A nos parents? Pour les inquiéter plus encore?
Et puis j'ai découvert Ig. Et avec je me suis sentie moins seule. Peu importe l'heure où vous avez besoin, il y aura toujours quelqu'un qui ne travaillera pas, qui ne dormira pas, qui sera là pour échanger. Et il est tellement plus facile de dire à des personnes qui ne vous connaissent pas combien vous allez mal, plutôt que d'inquiéter ceux que vous aimez.
Grace à Ig, j'ai aussi rencontré des personnes... Réellement ou plus virtuellement, j'ai rencontré de nouvelles personnes avec qui j'ai pu tisser de vraies affinités car des intérêts communs. Et certaines affinités ont pu se concrétiser. La solitude s'est faite de moins en moins pesante au fur et à mesure que nous tissions de nouveaux liens.
Aujourd'hui je peux dire que ces personnes que nous avons rencontré sont de vrais amis. Les liens que nous avons sont forts, et je me tourne très facilement vers elles pour leur parler de ma vie présente. C'est plus facile même.
Mais il n'y a pas un jour sans que mes amies et ma famille ne me manquent. Les dimanches en famille, les tea time entre copines après le boulot, les samedis boutiques... Et plus encore depuis que je vis cette nouvelle étape de ma vie, ma grossesse. Même si je me sens beaucoup mieux dans ma vie aujourd'hui, certains jours, certaines semaines, certaines périodes sont extrêmement difficiles. Lorsque j'aimerais avoir telle personne au téléphone pour lui raconter quelque chose parce que je ne peux le raconter qu'à elle et que je n'arrive pas à la joindre, qu'elle ne rappelle pas parce que pas le temps... Je me prends en plein figure cette distance.
Je dis souvent à mon amoureux "Je ne veux pas rentrer" (me voir si mal par moment le met tellement mal lui même qu'il me dit toujours que si je veux rentrer on rentrera, il est adorable) mais NON JE NE VEUX PAS! Parce que malgré tout ce que je vous ai raconté là, j'adore vivre à La Réunion. La qualité de vie que nous avons aujourd'hui est exactement ce que j'attendais. On en parlera dans un autre article sur l'expatriation...non non il n'y a pas que du mauvais!lol! J'aimerais juste de temps en temps pouvoir téléporter certaines personnes pour aller boire un thé, pour faire une séance papotage, ou juste pour les voir et les serrer dans mes bras.
Quand on décide de s'expatrier on sait qu'on sera loin de ceux qu'on aime, mais je ne suis pas sûre, en tout cas pour moi, qu'on prenne la mesure de ce que cela implique réellement. On ne peut que le vivre pour le mettre à l'épreuve.
Voilà chers lecteurs une nouvelle partie sur cette expatriation. Je vous assure je vous réserve aussi des articles plus joyeux et enthousiastes. Mais je m'étais fait la promesse de ne rien vous cacher et de ne pas rendre ça merveilleux. Car on reste dans la réalité, on n'est pas dans un film américain. Et la réalité c'est des épreuves, des difficultés, à traverser et qui vous construisent. Mais aujourd’hui j'ai appris à connaître mes limites, à me connaitre mieux.
A bientôt lecteurs adorés. Et n'hésitez pas à échanger avec moi vos remarques, ressentis sur l'article, que vous ayez ou pas vécu l'expatriation.